Le pragmatisme scandinave : Il faut protéger la social-démocratie, peu importe si les moyens pour ce faire sont identifiés à la droite
Le Devoir
Publié le 23 août 2014
a social-démocratie d’Europe du Nord semble avoir trouvé la recette secrète pour concilier performance économique et justice sociale. Mais la connaissons-nous aussi bien que l’on pense, et le Québec a-t-il encore les moyens de l’imiter ?
Il est courant d’entendre, tant à gauche qu’à droite, cités en exemples les pays scandinaves, notamment au Québec. Après tout, ces abonnés aux sommets des classements internationaux sont, eux aussi, relativement de petits pays développés, soumis à la rigueur d’un climat nordique, qui ont le coeur à gauche et dont l’économie dépend fortement du commerce international. Mais la représentation que l’on se fait de ces pays repose souvent sur un malentendu quant à leur vraie nature, observe le politologue de l’École nationale d’administration publique (ENAP) Stéphane Paquin.
« Quand on évoque le modèle suédois, ou scandinave, au Québec, on se réfère très souvent à une réalité qui remonte aux années 1970 et 1980 et l’on manque tout ce qui s’est passé durant les années 1990, c’est-à-dire une réforme de l’État extrêmement importante », explique l’expert, qui a codirigé, avec le chercheur Pier-Luc Lévesque, un ouvrage sur le sujet intitulé Social-démocratie 2.0. Le Québec comparé aux pays scandinaves, qui sera bientôt en librairie.
En ce qui concerne les performances de ces pays nordiques, on ne se trompe pas. La croissance économique par habitant depuis 30 ans y a été, entre autres, généralement plus forte que dans les autres pays développés. La productivité du travail, les surplus commerciaux et les investissements directs étrangers y sont aussi plus élevés, alors qu’à l’inverse, les niveaux d’inégalité y sont parmi les plus faibles, tout comme leur niveau d’endettement public. Ces succès sont un spectaculaire pied de nez à ces théories économiques qui veulent que les pays ayant un haut niveau de taxation (presque la moitié du PIB, contre 37 % au Québec), de très généreux programmes sociaux (presque 30 % du PIB contre 18 % au Canada) et un fort taux de syndicalisation (70 % contre 40 % au Québec) n’aient aucune chance dans la nouvelle économie mondialisée.
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