La relation France-Québec en point d’interrogation
Le Devoir
6 mai 2017
Si les politiciens du Québec n’ont pas tous été explicites pour leur préférence dans la présidentielle française, un quasi-consensus se dégage : Emmanuel Macron est favori et Marine Le Pen, infréquentable. Mais en cas de victoire — fort probable — du favori québécois, la classe politique de la rive gauche de l’Atlantique devra bâtir des ponts avec celui pour qui le Québec est une terra incognita.
On ne peut pas dire que l’ensemble de la classe politique québécoise est emballé à l’idée d’un président Macron. En point de presse cette semaine, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, a déclaré que « ce serait à regret qu’[il] voterai[t] pour Emmanuel Macron, qui représente la mondialisation débridée, le refus de la reconnaissance d’une réelle culture française, un genre de multiculturalisme à la Trudeau ». Mais que tout« embêté » qu’il fût pour les Français, Macron « serait [sa] préférence », car plusieurs des idées de Marine Le Pen ne lui sont « pas acceptables ».
Le co-porte-parole de Québec solidaire, Amir Khadir, est allé dans le même sens, quoique un peu plus loin, en appelant à voter blanc ou, en se pinçant le nez, pour Macron.
Tout comme le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault — qui a dit ne s’identifier ni à Macron ni à Le Pen —, le premier ministre Philippe Couillard a refusé de prendre position.
Mais en affirmant au Devoir que « pour le Québec, l’ouverture des marchés, notamment avec l’AECG [l’accord de libre-échange Canada-Europe], est un important vecteur pour la croissance de nos échanges tout comme la promotion d’une vision inclusive de nos sociétés », le cabinet du premier ministre a laissé peu de doute sur les accointances macroniennes du chef libéral.
Liens absents
Mais, alors que l’Élysée sera occupé pour la première fois sous la Ve République par un président issu ni du Parti socialiste ni de la droite gaulliste, la question des liens personnels entre celui-ci (ou celle-là) et les partis québécois reste presque entière. Car les liens patiemment tissés et entretenus au fil des décennies par le Parti québécois et le Parti libéral, autant avec la gauche que la droite, semblent soudainement inopérants.
Dans le cas d’un président Macron, c’est donc « un gros point d’interrogation », affirme Stéphane Paquin, professeur de science politique à l’ENAP. « Quels sont ses réseaux québécois ? demande-t-il. La seule personne à qui je pense est Roland Lescure[l’ancien numéro deux de la Caisse de dépôt et placement, qui milite pour En marche !]. Et comme il l’a dit lui-même, il n’a jamais rencontré le candidat. Sera-t-il dans les hautes sphères sous un président Macron ? À voir. »
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