Un texte de Mélanie Meloche-Holubowski
Plus égalitaires et écologistes, mieux éduqués et soignés, les Scandinaves semblent tout avoir, sans avoir vidé leur compte en banque. Mais pour deux experts et fervents défenseurs de la social-démocratie, il est idéaliste de penser que le Québec ou un pays puisse adopter intégralement le même système que la Norvège, la Suède, la Finlande et le Danemark.
« Ce n’est pas aussi simple que ça », croit le politicologue Henry Milner, qui ajoute que nous n’avons pas les mêmes institutions que les pays scandinaves.
Importer le modèle ici serait très difficile, ajoute Stéphane Paquin, professeur à l’ENAP (École nationale d’administration publique) et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en économie internationale et comparée. « On ne peut pas importer seulement une partie du modèle. Il faut accepter l’ensemble de l’œuvre. »
Cet ensemble comprend notamment un taux de taxation très élevé, une plus grande participation citoyenne et syndicale ainsi qu’un gouvernement à la fois fort et décentralisé.
Alors, pourquoi se comparer aux Scandinaves?
Au Canada, cette fascination existe depuis une cinquantaine d’années. Dans les années 70, le modèle scandinave commençait à attirer l’attention et les partisans de la gauche, dont plusieurs au sein du Parti québécois, étaient séduits par celui-ci.
« Le modèle scandinave était le modèle qu’on cherchait partout. Le communisme n’était pas acceptable, mais on ne voulait pas accepter le capitalisme simple. On cherchait donc un compromis », explique Henry Milner.
En 2013, le magazine The Economist a bien décrit cette fascination. « Ils ont atteint le futur en premier. Ils gèrent déjà des problèmes que d’autres pays devront éventuellement affronter. […] Les pays nordiques proposent des solutions très innovantes qui rejettent les orthodoxies dépassées de la gauche et de la droite. »